Déterminer pour chaque élève les sources potentielles de difficultés ainsi que les ressources qui pourraient lui être bénéfiques pour assurer un passage au secondaire plus en douceur.
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Le programme Transition Primaire-Secondaire à l’école secondaire Jean-Grou
Une vision globale des jeunes afin de faciliter leur passage au secondaire
La rentrée au secondaire représente une étape particulièrement stressante pour certains élèves. C’est pour venir en aide à ces derniers que l’école secondaire Jean-Grou, en collaboration avec ses cinq écoles primaires bassins de Rivière-des-Prairies, a mis sur pied l’an dernier le programme Transition primaire-secondaire, en étroite collaboration avec Équipe RDP un organisme bien implanté dans Rivière-des-Prairies.
Annie Delisle et Joubenson Choute (Crédit photo : François Couture)
Un peu partout au Québec, il existe une grande variété d’initiatives liées à cette étape charnière qu’est la transition primaire-secondaire, chaque école y donnant une couleur spécifique selon sa réalité ainsi que les besoins précis de ses élèves.
Or, comme dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies le basketball est un sport qui suscite l’enthousiasme chez une grande partie des jeunes, il devenait tout naturel de faire appel à un (super!) entraîneur de basketball, Joubenson Choute, de l’organisme Équipe RDP, pour agir comme facilitateur de la transition primaire-secondaire.
« Tous les jeunes du primaire connaissent Joubenson, comme il est le coordonnateur du basketball dans toutes les écoles primaires bassins de Jean-Grou, et ce, de la première à la sixième année. Joubenson connecte vraiment avec ces jeunes », explique Annie Delisle, directrice adjointe au 1er cycle de l’école secondaire Jean-Grou.
Une vision plus globale des jeunes à risque
Pour la première année de mise en œuvre du programme, chacune des directions d’école primaire a ciblé 12 jeunes de 6e année, ce qui représente une soixantaine d’élèves.
Par la suite, de janvier à juin, Joubenson a passé une journée par semaine dans chacune des écoles primaires, se donnant pour mission d’aller recueillir de l’information — auprès des professeurs, entraîneurs, techniciens en éducation spécialisée, psychoéducateurs, etc. — sur la semaine que venaient de vivre « ses » jeunes.
« Je rencontre chaque jeune et lui offre de l’écoute et du soutien. On parle de ce qui est arrivé au cours des derniers jours, de comment il se sent. Parfois, il est dévoré par l’anxiété causée par le passage au secondaire. »
« Quand j’ai fini cette tournée, je rencontre chaque jeune et lui offre de l’écoute et du soutien. On parle de ce qui est arrivé au cours des derniers jours, de comment il se sent. Parfois, il est dévoré par l’anxiété causée par le passage au secondaire. Pour lui, c’est une montagne à gravir ! Ça l’envahit tellement qu’il en devient complètement désorganisé en classe. Alors je le rassure, je lui explique dans mes mots comment ça va se passer, que c’est pas du tout une montagne… Problèmes de médication, violence familiale, fugue, perte de motivation, malnutrition, intimidation, timidité maladive, bagarre, retards répétés… Les récits qu’ils me font de leur vie sont parsemés d’obstacles », raconte Joubenson Choute.
Bien que cette aide fût déjà très appréciée des jeunes et des directions, le travail n’était pas terminé : en fin d’année scolaire, Joubenson Choute et Annie Delisle se sont rencontrés et ont mis en commun leur savoir, passant en revue les soixante histoires de ces jeunes, déterminant pour chaque élève les sources potentielles de difficultés ainsi que les ressources qui pourraient lui être bénéfiques pour assurer un passage au secondaire plus en douceur, à la rentrée de septembre.
Ainsi, lorsque les élèves du programme ont fait leur rentrée à l’école secondaire Jean-Grou à l’automne, Joubenson Choute a passé deux mois complets à leurs côtés, au sein même des murs de l’école, pour répondre à leurs mille et un besoins et pour les aider à s’adapter au rythme du secondaire : Où se trouve le secrétariat ? Comment je fais pour me rendre au troisième étage ? Je ne me sens pas bien, est-ce que je pourrais voir une infirmière ? Des demandes extrêmement variées…
« La seule présence physique de Joubenson dans leur nouvelle école secondaire suffit parfois à les rendre plus sereins. Il est une figure de référence, un adulte en qui ils peuvent avoir confiance, avec qui ils ont développé une belle relation. »
« La seule présence physique de Joubenson dans leur nouvelle école secondaire suffit parfois à les rendre plus sereins. Il est une figure de référence, un adulte en qui ils peuvent avoir confiance, avec qui ils ont développé une belle relation. De plus, en début d’année, ils ne savent pas que je suis la directrice ou ils pensent que je suis inaccessible; comme ils me voient à côté de Joubenson quand ils arrivent à l’école chaque matin, il m’est plus facile d’entrer en contact avec eux. En clair, Joubenson nous aide de plusieurs façons à mieux les encadrer lorsqu’ils arrivent chez nous », ajoute Annie Delisle.
« Il n’y a rien de plus gratifiant pour moi que de savoir que tel ou telle jeune va bien et qu’il a, en quelque sorte, réussi sa transition. Certains auront toujours besoin d’encadrement particulier, mais ils cheminent quand même. »
Joubenson Choute a terminé, en novembre dernier, la phase d’accompagnement des élèves du programme Transition primaire-secondaire 2017, maintenant en première secondaire, les laissant ainsi voler de leurs propres ailes. Il pose sa main sur son cœur : « Nous sommes en janvier et il n’y a rien de plus gratifiant pour moi que de savoir que tel ou telle jeune va bien et qu’il a, en quelque sorte, réussi sa transition. Certains auront toujours besoin d’encadrement particulier, mais ils cheminent quand même. Ça vient me chercher, de savoir qu’on a fait quelque chose de bien pour un jeune. En plus, quand ils vivent des difficultés, ce n’est souvent pas vraiment de leur faute. Ils ont un bon fond, comme on dit, et je suis heureux d’avoir pu les aider », conclut-il.
Joubenson est maintenant de retour dans ses écoles primaires avec une nouvelle cohorte d’élèves de la 6e année du primaire, qui vivront eux aussi leur transition en septembre prochain. Une meilleure transition, grâce à Joubenson et Annie !
_ Février 2018
Réseau réussite Montréal poursuit sa série d’articles illustrant différents projets de collaboration fructueuse entre le milieu scolaire et des partenaires de la communauté favorisant la réussite des jeunes.
C’est à François Couture, journaliste et photographe, que nous avons confié la mission d’aller à la rencontre des intervenants qui font vivre ces collaborations, afin qu’il en raconte les histoires, leurs histoires.