En 2021, 17,4 % des jeunes montréalais ont décroché avant d’avoir obtenu un premier diplôme.
Pages connexes
Définition | Indicateur du décrochage scolaire | Décrochage scolaire en baisse à Montréal | Évolution du taux de décrochage | Coûts et conséquences du décrochage | Typologie des décrocheurs | Le raccrochage scolaire
*Dernière mise à jour : 18 mars 2024 (mise à jour partielle)
Définition du décrochage scolaire
Le décrochage scolaire désigne le fait d´abandonner un parcours scolaire avant l’obtention d’un premier diplôme (diplôme d’études secondaires [DES], d’études professionnelles [DEP] ou encore d’une qualification [certificat de formation en métiers semi-spécialisés ou certificat de formation en préparation au marché du travail]).
Le décrochage scolaire est un phénomène complexe et multifactoriel qui ne survient pas du jour au lendemain. Le parcours scolaire du jeune subit constamment les influences d’un certain nombre d’éléments, appelés « déterminants de la persévérance scolaire ». Lorsque ces éléments exercent une influence négative, on parle de facteurs de risque, qui augmentent la probabilité d’un parcours scolaire plus difficile, pouvant mener au décrochage. Voici quelques exemples de ces déterminants : la motivation et l’engagement, l’estime de soi, l’encadrement parental, le climat scolaire et les ressources du milieu.
Indicateur du décrochage scolaire : le taux de sorties sans diplôme ni qualification
Au Québec, pour quantifier le décrochage scolaire, on utilise le taux de sorties sans diplôme ni qualification, parmi les élèves sortants en formation générale des jeunes, au cours d’une année donnée. Ce taux est calculé annuellement par le ministère de l’Éducation.
Un décrocheur, appelé aussi « sortant sans diplôme », est un élève de la 1re à la 5e secondaire qui était inscrit dans le réseau scolaire québécois en formation générale des jeunes au 30 septembre d’une année, mais qui ne se retrouve dans aucun établissement du secteur jeunes, de la formation générale des adultes ou de la formation professionnelle du Québec au moment du suivi qui se fait près de 2 ans plus tard.
Quelques précisions :
- Sauf indication contraire, l’indicateur utilisé sur l’ensemble du site est le taux de décrochage pour le secteur public, car c’est sur la base des paramètres du secteur public qu’ont été fixées les cibles ministérielles de diplomation.
- Note : À cause de différences méthodologiques, il est impossible d’obtenir le taux de décrochage par la formule suivante : 100 % – (taux de diplomation) = taux de décrochage.
Pour le détail et des renseignements supplémentaires sur le taux de sorties sans diplôme, consultez le site Internet du ministère de l’Éducation.
Le taux de décrochage scolaire : en baisse à Montréal
Depuis quelques années, le taux de décrochage scolaire est en baisse à Montréal : de 24,6 % en 2009, il passe à 17,4 % en 2021. La prise en compte du contexte particulier de Montréal offre un éclairage nécessaire à la compréhension de ces données.
Évolution du taux de décrochage
(Source : Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Direction des statistiques et de l’information décisionnelle, portail informationnel, système Charlemagne, données de novembre 2010 et août 2022)
Le décrochage scolaire : des coûts et des conséquences
Les conséquences du décrochage scolaire en quelques chiffres
La mise à jour du coût du décrochage permet de faire le portrait de conséquences économiques et sociales lourdes, à la fois pour l’individu et pour l’ensemble de la société.
Le décrochage scolaire a des répercussions considérables, autant sur le décrocheur que sur la collectivité. Selon l’étude Persévérance scolaire et conciliation études-travail : une piste de solution à la pénurie de main-d’œuvre (2019), « […] le décrochage scolaire dans le réseau public de Montréal pour l’année 2019-2020 engendra 261,7 millions $ en perte de revenus pour les décrocheurs pendant l’ensemble de leur carrière. Pour le gouvernement, ce sont des pertes fiscales de 72 millions $ pour les décrocheurs en secondaire 5 dans ces commissions scolaires. L’impact sur l’économie de Montréal se chiffre à près de 600 millions $. »
En outre, si on les compare aux personnes diplômées, les personnes non diplômées participent moins à la vie citoyenne (participent moins aux élections, font moins de bénévolat, offrent moins de dons de sang, etc.).
Le décrochage pénalise également les personnes sur le plan individuel. En effet, les personnes non diplômées ont un revenu annuel moyen inférieur ainsi qu’un taux de chômage moyen plus élevé, un risque de souffrir de la dépression plus élevé et leur espérance de vie est plus courte (rapport Savoir pour pouvoir [2009]).
Une économie plus fragile
Un nombre plus élevé de personnes sans emploi
30 % des décrocheurs ne participent pas au marché du travail.
Une hausse des coûts de l’assistance sociale
Plus des 2/3 des prestataires des programmes d’assistance sociale sont des décrocheurs. Autour de 3 milliards $ ont été versés en prestations en 2018-2019.
Des pertes fiscales importantes
Manque à gagner en recettes fiscales : 72 millions $*.
Une baisse de la croissance économique
Le décrochage scolaire prive l’économie montréalaise de 593 millions $*.
*Coûts calculés pour l’ensemble de la vie active des sortants sans diplôme projetés en
2019-2020 pour les cinq commissions scolaires de l’île de Montréal.
Une augmentation des coûts de soins de santé
Les décrocheurs…
– Sont plus à risque d’avoir des problèmes de santé.
– Ont une espérance de vie plus courte.
Une hausse des coûts liés à la criminalité
62 % des individus qui transitent par le système carcéral sont des décrocheurs.
Un détenu coûte 251 $ par jour.
Un accroissement des inégalités
Entre les mieux et les moins nantis
Le revenu d’emploi moyen d’un décrocheur est inférieur de 31 % à celui d’un diplômé (DES).
Saviez-vous que…
Les coûts de la non-diplomation sont plus élevés pour les décrocheurs montréalais ?
Un diplôme d’études secondaires permet d’augmenter le revenu* de :
- 492 500 $ pour les femmes
- 432 300 $ pour les hommes
*Gains sur l’ensemble de la vie active.
Entre les hommes et les femmes
Les décrocheuses sont plus durement touchées par la précarité et la pauvreté :
- Elles sont moins nombreuses que les décrocheurs à occuper un emploi (21,8 % d’écart).
- Elles ont un salaire inférieur à celui d’un décrocheur (21,3 % d’écart).
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Ces décrocheurs, qui sont-ils?
Les décrocheurs scolaires présentent des caractéristiques très hétérogènes. Ainsi, Janosz et coll. (2006) signalent que les décrocheurs se distinguent sur différentes caractéristiques et forment quatre types distincts : les discrets, les inadaptés, les désengagés et les sous-performants.
Le raccrochage scolaire
Le raccrochage scolaire est une part importante de la diplomation au Québec. L’Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) estime en effet que sur l’ensemble des jeunes qui quittent l’école sans diplôme, 65 % retourneront éventuellement compléter leurs études secondaires.
La pénurie de main-d’œuvre peut poser un risque à l’effort de raccrochage
La baisse des inscriptions de plus en plus constatée à la formation générale des adultes et à la formation professionnelle pourrait être attribuable au contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, qui facilite l’accès à des emplois exigeant peu ou pas de qualification et ayant une rémunération plus élevée.
Ainsi, il est probable que des jeunes qui auraient normalement repris les études au cours de leur cheminement se transforment en décrocheurs permanents en raison de l’accessibilité du marché du travail.
Le coût d’une diminution du raccrochage scolaire
Il est estimé qu’une diminution de 20 % dans le raccrochage scolaire augmenterait considérablement le coût du décrochage à Montréal, portant à 350,4 millions $ la perte de revenus pour les décrocheurs et à 92,8 millions $ le manque à gagner en recettes fiscales pour le gouvernement.
Quelques données essentielles en persévérance scolaire