Première transition scolaire dans un contexte de crise

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Première transition scolaire dans un contexte de crise:
Un soutien nécessaire auprès des familles

Publié le 28 mai 2020


COLLABORATION SPÉCIALE

Un texte du Chantier montréalais Transition vers l’école d’Horizon 0-5 et de Julie Ruel, chercheure associée au CISSS de l’Outaouais.

Réseau réussite Montréal sollicite des chercheurs et chercheuses sur certains aspects de la persévérance scolaire liés à la crise actuelle. Un grand merci à chacun d’eux pour leur collaboration à notre dossier spécial COVID-19 et réussite éducative.


Un moment crucial | Les critères pour une transition de qualité | Les effets du confinement | Les enjeux montréalais | L’approche de proximité | Des pistes de solutions | Références | Autres ressources | Auteures


CE DÉTERMINANT A FAIT L’OBJET D’UN WEBINAIRE !
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Un moment crucial dans le parcours éducatif de l’enfant

La transition vers la maternelle constitue la première d’une longue série de transitions pour l’enfant et sa famille.

La recherche démontre que si cette première transition est vécue de façon harmonieuse, elle servira d’assise pour les transitions futures. Elle aura un effet réel sur la motivation et l’engagement de l’enfant à l’école[1].

Cette première transition scolaire représente un moment fondamental durant lequel l’enfant, la famille, l’école et la communauté s’ajustent les uns aux autres. Pendant cette période de transition, qui débute l’année qui précède la rentrée, on tient compte des besoins de l’enfant, ainsi que de ceux de sa famille et du milieu scolaire qui l’accueille.

Cette description, inspirée du Guide pour soutenir la première transition scolaire de qualité[1], met l’accent sur les interactions entre les divers milieux, interactions qui agissent comme facteur de protection. Aussi elle insiste sur l’importance de planifier cette transition en concertation. En plus de soutenir le développement global de l’enfant, la période de transition vise à créer des liens entre l’école, l’enfant et sa famille, avec le soutien des acteurs qui œuvrent auprès d’eux et qui les connaissent.

La responsabilité d’assurer une transition de qualité dans une démarche concertée appartient à tous les acteurs de la transition[2].

Qualité de la première transition scolaire : les critères validés par la recherche

Pour favoriser une transition de qualité, il est suggéré de mettre en place des activités nombreuses et variées destinées à tous les enfants et à leurs familles[3]. Il est aussi recommandé d’assurer la continuité éducative et des services pour les élèves à risque ou ceux ayant des besoins particuliers[4].

Quatre dimensions d’une transition de qualité doivent être prises en considération dans la planification des actions[3].

Dimension 1

Reconnaissance de la place prépondérante des parents
Par exemple, les mettre à contribution pour présenter leur enfant à l’école, avec ses forces, ses qualités et ses besoins.

Dimension 2

Partenariat entre les acteurs concernés par cette transition
Par exemple, adapter les activités de transition aux réalités des enfants et de leurs parents en profitant des connaissances que les milieux de la petite enfance ont des familles.

Dimension 3

Pratiques spécifiques de transition en lien avec les enfants ayant des besoins particuliers
Par exemple, planifier la rentrée avec tous les acteurs qui connaissent l’enfant et prévoir la mise en place des services requis avant la rentrée.

Dimension 4

Conditions requises pour la mise en œuvre d’une démarche concertée, planifiée et structurée
Par exemple, prévoir du temps consacré à la planification de la transition.

Une période charnière fragilisée par le confinement

Cette année, la planification de la transition a été bouleversée. Le confinement obligé et les règles de distanciation physique ont forcé l’annulation d’activités prévues. Les communications et les actions qui réunissent habituellement l’école et les familles, par exemple, la classique activité « Bienvenue à la maternelle » au mois de mai, n’ont pas eu lieu. Aussi, les autres acteurs de la transition auprès des enfants et de leurs familles ont dû cesser leurs activités ou trouver des façons différentes d’offrir leurs services.

Durant cette période de transition, un arrêt de plusieurs mois peut mener à une perte de repères pour les familles et pour tous les acteurs de la transition.

Ainsi, le confinement a perturbé la planification d’une transition de qualité, ce qui peut nuire au développement de liens de confiance de l’enfant et de sa famille envers l’école, ainsi qu’à la confiance de l’enfant envers ses capacités et à l’engagement du parent.

Les enfants montréalais ont-ils plus d’obstacles à franchir ?

Parmi les enjeux montréalais, les partenaires sur le terrain nomment la densité de population jumelée aux consignes de distanciation sociale.

La peur d’être contaminé limite la participation des familles avec de jeunes enfants à des activités extérieures. Le contact avec d’autres familles devient ainsi limité et engendre un isolement social plus important.

À cet isolement s’ajoute, pour beaucoup de familles, l’insécurité alimentaire, le manque de matériel technologique et les obstacles de communication avec les familles allophones.

Actuellement, à Montréal, les organismes concentrent leurs efforts pour combler les besoins de base des familles : matériel de première nécessité, paniers alimentaires et soutien moral.

Plusieurs partenaires sont inquiets pour la mise en œuvre des activités soutenant la première transition vers l’école. En même temps, Montréal vit les grands défis du déconfinement, qui demeure l’enjeu principal en ce moment.

Un réseau de partenaires en constante adaptation pour soutenir les familles

Ces spécificités montréalaises ajoutent à la complexité de la situation, sans compter l’ouverture des écoles reportée en septembre.

Le travail en concertation est d’autant plus nécessaire actuellement. Au-delà de la transmission d’information, il s’agit d’établir un plan concerté pour préparer cette transition, un plan adapté à la situation.

Une des priorités est de créer le lien de confiance avec l’école. Pour ce faire, il faut soutenir le parent et l’outiller afin qu’il puisse se rassurer et rassurer son enfant.

L’approche de proximité est vraiment, dans cette optique, l’approche à privilégier. Cette approche vise une continuité entre les milieux de vie de l’enfant et le milieu scolaire, sans rupture du lien de confiance. Cela est rendu plus difficile pour les enfants qui ne retourneront pas en service de garde éducatif à l’enfance avant de rentrer à l’école, comme pour ceux qui ne fréquentaient pas le milieu communautaire. Les enfants à besoins particuliers font l’objet d’une réflexion spécifique parmi les partenaires.

Il n’est pas trop tard. Comment profiter des trois mois à venir pour maximiser nos forces et mettre en œuvre des actions qui favoriseront la meilleure transition possible, dans les circonstances ? Comment faire de cette transition une étape marquante dans la vie des futurs élèves et de leurs familles ?

Des pistes de solutions

Les acteurs scolaires, communautaires et institutionnels ont commencé à adapter leurs actions. Il va sans dire que toutes les idées doivent être passées au filtre de la distanciation physique, plus difficile à respecter pour les tout-petits qui ont davantage besoin d’être sécurisés.

Donner du matériel éducatif et des informations sur les ressources

Certains profitent de la distribution des paniers alimentaires pour donner du matériel éducatif ou des informations sur les ressources disponibles.

Organiser une visite virtuelle

Une visite virtuelle de l’école peut être organisée, ou une visite physique de la cour d’école. Un échange de photos par courriel est possible également.

Pour conclure, dans une situation en constante évolution, les partenaires locaux et régionaux de différents réseaux montréalais travaillent avec un engagement renouvelé, non seulement pour trouver des pistes d’actions, mais aussi pour les faire évoluer.

Nul doute que ce filet de sécurité pour les enfants et leurs familles saura leur offrir le meilleur accompagnement possible pour cette première rentrée bien particulière.

Références

[1] Guide pour soutenir une première transition scolaire de qualité, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport; ministère de la Famille et des Ainés; ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010

[2] Tous ensemble pour soutenir une première transition scolaire de qualité, Gatineau, Québec, Université du Québec en Outaouais, Ruel, J., Moreau, A. C., Bérubé, A. et April, J., 2016

[3] Les pratiques de transition lors de la rentrée des enfants au préscolaire. Évaluation du Guide pour soutenir une première transition scolaire de qualité. Rapport final de recherche, Gatineau, Québec : Université du Québec en Outaouais et Pavillon du Parc, Ruel, J., Moreau, A. C., Bérubé, A. et April, J., 2015

[4] La continuité éducative en réponse aux défis de la transition vers le préscolaire d’enfants ayant des besoins particuliers. Développement humain, handicap et changement social. Actes du colloque Participation à la vie éducative, apprentissages et transitions, Ruel, J. et Moreau, A.C., 2012

Autres ressources
Feuillets
Publications
Auteurs

Julie Ruel
Chercheure associée, CISSS de l’Outaouais
Professeure associée, Université du Québec en Outaouais

Chantier montréalais Transition vers l’école d’Horizon 0-5

  • Tamara Toro, Chargée de projet pour le Chantier montréalais Transition vers l’école
  • Caroline Schindler, Coordonnatrice d’Horizon 0-5

Le Chantier montréalais Transition vers l’école fait partie d’Horizon 0-5, instance de concertation régionale en petite enfance de l’île de Montréal. Horizon 0-5 est un réseau d’acteurs engagés, dans un leadership partagé, à contribuer au mieux-être et à la réussite éducative des enfants montréalais de 0-5 ans par le renforcement de la capacité d’agir ensemble sur le plan régional, en cohérence avec les communautés locales.

 


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