La transition secondaire-collégial

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La transition secondaire-collégial

Une transition harmonieuse du secondaire vers le cégep contribue à la réussite au collégial et, ultimement, à de meilleures conditions de travail et de vie.

Publié le 3 novembre 2022 


Conscient du rôle majeur des transitions scolaires dans la réussite éducative de l’élève,
Réseau réussite Montréal (RRM) coordonne des chantiers rassemblant des acteurs régionaux œuvrant à ces enjeux. Pour la transition secondaire-collégial, RRM et le Regroupement des cégeps de Montréal coordonnent conjointement le chantier sur les trajectoires des jeunes vers le cégep. Le présent dossier est constitué de travaux de recherche réalisés dans le cadre de ce chantier, tels qu’une recension des écrits et des analyses préliminaires faites avec la contribution d’une équipe de recherche de l’Université de Montréal (Projet Parcours), ainsi qu’un tableau des indicateurs permettant de suivre les trajectoires des jeunes de 5e secondaire, réalisé en collaboration avec ÉCOBES — Recherche et transfert. 


Les élèves qui se préparent aux études postsecondaires font face à d’importants changements sur les plans scolaire, personnel, social et professionnel. Les recherches sur cette transition suggèrent fortement que l’adaptation des jeunes à ces changements est facilitée à la fois par des actions préventives au secondaire et par des actions en cours d’intégration au collégial. 

Dans ce dossier :

1. L’importance de la transition secondaire-collégial | 2. Les caractéristiques de cette transition | 3. Les jeunes à risque de vivre une transition difficile | 4. Les inégalités d’accès au collégial | 5. Les effets de la pandémie | 6.La transition: ses stades et sa durée  | 7. Portrait de la transition de jeunes à risque | 8. Quelques données | 9. La prochaine transition | 10. Pistes d’action
Outils et documentation | Remerciements | Personne-ressource | Sources | Notes 

 

La transition secondaire-collégial en quelques mots

 

 

 

 

 

Consultez l’infographie

 

1. Une Transition Harmonieuse est un facteur clé de la réussite au collégial

Une transition harmonieuse, dans laquelle les jeunes se sentent mieux préparés et soutenus face aux défis qu’ils auront à relever, tant sur le plan scolaire que personnel, est effectivement reconnue comme un facteur de réussite des études collégiales. 

Chaque année, de plus en plus de jeunes choisissent d’entreprendre des études postsecondaires. À titre d’exemple au Québec, les taux d’accès aux études collégiales chez les 17 à 24 ans ont augmenté d’environ 10 % au cours des 10 dernières années, passant de 56 % en 2010 à 65 % en 2019[1].

Toutefois, malgré la hausse des admissions, les taux de diplomation au collégial, 4 ou 5 ans après le début des études, eux, stagnent. Ils s’établissent à environ 65 % depuis la fin des années 2000, avec des taux significativement plus faibles au sein des programmes d’accueil et de transition ([Tremplin DEC] 38 %), comparativement aux programmes techniques (62 %) et préuniversitaires (72%)[2].  Il s’agit d’une situation préoccupante, considérant que :  

  • Le diplôme d’études secondaires n’est pas un diplôme qualifiant. Il ne permet pas aux jeunes d’accéder à la plupart des postes disponibles sur le marché du travail, car ceux-ci requièrent une qualification professionnelle ou une diplomation postsecondaire. Sans de telles qualifications, les jeunes sont à risque de précarité d’emploi, d’insatisfaction professionnelle et de chômage chronique. 
  • Les emplois qui requièrent peu de scolarité (ex. : industrie manufacturière, services) sont parmi les plus susceptibles de subir un processus d’automatisation et de robotisation dans le futur. Les jeunes qui auront choisi ces postes au détriment de leurs études risquent d’être confrontés à cette réalité à l’âge adulte, et de se retrouver avec des possibilités d’emploi limitées au moment où ils voudront tendre vers de nouveaux postes plus qualifiés. 
  • Obtenir un diplôme d’études postsecondaires, au-delà des bénéfices sur le plan de l’emploi (ex. : meilleurs salaires et conditions de travail), augmente aussi la probabilité de présenter un meilleur état de santé physique et mental à l’âge adulte, et de s’impliquer plus activement dans sa communauté.  

Pour accroitre les taux de diplomation et ainsi permettre à un plus grand nombre de jeunes de bénéficier des avantages de la scolarité postsecondaire, il importe de mieux  accompagner ces jeunes en amont et au moment d’effectuer leur entrée au collégial, c’est-à-dire à travers l’ensemble de leur processus de transition.   

 

Nouvelles données statistiques pour suivre l’évolution de la transition secondaire-collégial
Consultez l’aperçu de la situation à Montréal !

 

2. Quelques caractéristiques du passage du secondaire au collégial

Comparativement à l’entrée à l’école des tout-petits et au passage au secondaire des plus grands, la préparation de la transition au collégial reçoit souvent moins d’attention. Pourtant, cette étape comporte plusieurs caractéristiques qu’il importe de prendre en compte. 

Une transition qui n’est pas obligatoire 

 

Pour la première fois dans leur parcours, les jeunes ont la possibilité de mettre un terme à leurs études, afin d’arrêter les études pendant un an pour se consacrer à d’autres projets, par exemple, ou se diriger vers le marché de l’emploi.  

 

 

En effet, si pour plusieurs jeunes la poursuite des études au cégep est une évidence dans leur parcours de vie, ce n’est pas le cas pour tous. Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, où les employeurs tendent à réduire leurs critères d’embauche tout en bonifiant leur offre salariale, le choix d’intégrer le marché du travail plutôt que de poursuivre ses études peut paraitre particulièrement attrayant. Cette décision peut être prise par tous les jeunes, mais s’observe plus souvent auprès de ceux devant soutenir financièrement un membre de la famille et de ceux présentant au préalable un faible engagement scolaire. 

Une transition marquée par un large éventail de possibilités de formations 

 

Une fois la décision d’entreprendre des études collégiales prise, reste à choisir le programme. Le cégep comprend effectivement une multiplicité importante de champs d’études et de types de formations (programme Tremplin DEC, attestations d’études collégiales, programmes techniques ou préuniversitaires). 

 

Ainsi, avant même l’obtention du diplôme d’études secondaires (DES), les élèves sont appelés à faire des choix concernant leur cheminement postsecondaire. Comme ces choix orientent considérablement la trajectoire de vie, ils s’accompagnent bien souvent d’indécision et d’une importante pression pour les jeunes et leurs parents. 

Une autre voie possible : la formation professionnelle  

Les finissants et finissantes du secondaire ont également l’option de poursuivre leurs études dans un autre cadre que celui du cégep, en s’inscrivant à la formation professionnelle parmi près de 150 programmes disponibles à travers le Québec. Pour ceux qui souhaitent acquérir les connaissances et les compétences afin d’exercer un métier spécialisé, il s’agit d’un choix judicieux, menant typiquement à des secteurs d’emploi avec d’excellents taux de placement, des possibilités d’avancement et des salaires compétitifs. Ce cheminement n’est pas traité dans le présent dossier thématique, qui se concentre sur la transition au collégial, mais il est important de rappeler que cette voie existe et peut mener aux mêmes réussites sur les plans personnel, professionnel et financier que celles associées à la poursuite d’études collégiales.  

 

Une transition qui coïncide avec l’émergence de l’âge adulte  

 

Le passage au cégep correspond à une étape importante de prise d’autonomie et de développement de l’indépendance, que ce soit sur le plan familial, économique, scolaire, social ou culturel. C’est effectivement à cette période que plusieurs jeunes vivent leurs premières expériences de la vie adulte : quitter le foyer familial, gérer un budget, maintenir un horaire, etc. 

 

De façon paradoxale, la transition au collégial est aussi influencée par l’allongement de la jeunesse 

La société québécoise contemporaine, à l’instar de la population occidentale en général, se caractérise par un phénomène d’allongement de la jeunesse dans lequel les jeunes d’aujourd’hui prennent plus de temps à accomplir les marqueurs traditionnels de l’âge adulte, tels que la fin des études, l’insertion à temps plein en emploi, le déménagement à l’extérieur du logis familial et la fondation de sa propre famille. En ce sens, les rites de passage de l’adolescence à la vie adulte ont commencé à se fragmenter et à s’étirer dans le temps, notamment en raison de l’augmentation du cout de la vie et de la perte de pouvoir d’achat qu’elle entraine. L’allongement de la jeunesse est ainsi marqué par des dynamiques paradoxales alors que les jeunes en début de vie adulte cohabitent plus longtemps avec leurs parents et ont plus longtemps besoin de leur soutien.  

 

3. Qui sont les jeunes plus à risque de vivre une rentrée au cégep plus difficile ?

La transition au collégial peut représenter une source de stress importante pour tous les jeunes, mais de manière plus prononcée pour certains. Voici quelques facteurs pouvant influencer la réussite de l’intégration au cégep. 

« L’anxiété personnelle, la réussite scolaire et les problèmes d’attention au secondaire déterminent de manière significative les voies que prendront les jeunes pour s’adapter lors de leur passage au collégial, et […] ces trajectoires sont ensuite reliées à la persévérance et à la diplomation[3]. »

Simon Larose, chercheur et professeur titulaire au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval

 

     Les difficultés d’apprentissage et de santé mentale

Les étudiants et étudiantes en situation de handicap (ESH) ou ceux et celles qui ont eu un plan d’intervention individualisé au secondaire sont plus à risque de vivre des défis lors de leur transition. Notamment, ces jeunes sont plus souvent confrontés à des échecs scolaires, ce qui augmente le risque d’abandon avant l’obtention du diplôme[4]. Les jeunes anxieux sont aussi plus particulièrement à risque d’éprouver des difficultés face aux nouveaux défis d’adaptation rencontrés au moment d’entamer leurs études collégiales. 

À ce sujet, le nombre de cégépiens et de cégépiennes ayant des besoins particuliers déclarés (troubles d’apprentissage, déficit de l’attention, problèmes de santé mentale, etc.) est passé de 1 303 en 2007 à 19 308 personnes en 2018[5]. Cela représente un défi pour l’institution, tout comme pour le personnel enseignant, qui a développé en réponse à ces prévalences, des solutions concrètes pour s’adapter à la situation (centres d’aide, services psychologiques, plan d’adaptation, etc.). Ainsi, plusieurs moyens sont maintenant disponibles pour mieux soutenir ces jeunes et les aider à vivre une transition harmonieuse vers les études collégiales 

Pour davantage d’information sur les effets de la dépression lors de la transition au collégial, lisez l’article Les difficultés de la transition secondaire-collégiale : quand la dépression s’en mêle. 

     Le rendement scolaire antérieur  

Les jeunes dont la moyenne au secondaire était inférieure à 75 % et ceux admis sous condition (c’est-à-dire à qui il manque six unités du secondaire ou moins) font partie des sous-groupes considérés comme les plus à risque d’échecs et d’abandons. 

     La défavorisation 

Les jeunes issus de milieux socioéconomiquement défavorisés sont plus susceptibles de manquer de soutien pour naviguer à travers les prérequis et exigences de la scolarité postsecondaire. Ainsi, une étude longitudinale a montré que le niveau de défavorisation de la famille à 5 ans prédisait de façon importante la probabilité d’obtenir un diplôme d’études collégiales à 23 ans[6] 

Il importe également de noter que ces jeunes sont souvent des étudiants et étudiantes de première génération (EPG), c’est-à-dire des jeunes qui sont les premiers de leur famille à poursuivre des études de niveau collégial. À ce sujet, signalons que des différences marquées persistent auprès de cette population, entre autres en ce qui concerne le genre. Pour en savoir davantage, consultez le dossier du CAPRES. 

     Le groupe d’appartenance 

Les jeunes des communautés autochtones et ceux issus de l’immigration dont la langue maternelle n’est pas le français sont aussi plus à risque d’éprouver des problèmes durant leur transition au collégial, tant sur les plans de la persévérance et de la réussite que sur celui de la santé psychologique. 

Dans le cas des jeunes des communautés autochtones, signalons qu’au défi de la langue s’ajoute celui de la place prépondérante de l’écrit, qui est un grand défi puisqu’ils proviennent d’une culture où l’oralité prédomine. 

     Le genre 

Les données montrent que les garçons quittent davantage le collégial que les filles et cette situation demeure vraie même à rendement scolaire équivalent au secondaire.  

Il importe cependant de préciser que le genre seul a une influence beaucoup moins importante sur la transition que des facteurs cognitifs ou émotifs évoqués dans ce dossier, comme la réussite éducative antérieure, l’anxiété et les problèmes d’attention.  

Les jeunes issus de la diversité de genre et de sexe sont aussi plus susceptibles de vivre des difficultés, notamment d’ordre psychologique, face au risque d’exclusion et de discrimination.    

     L’entrée tardive au CÉGEP 

Les jeunes qui entament leurs études collégiales plus tardivement, c’est-à-dire après l’âge de 19 ans, sont aussi plus enclins à abandonner leurs études avant l’obtention d’un diplôme ou d’une qualification. Cet âge tardif coïncide souvent avec une accumulation de retards ou de redoublements au secondaire, ou peut aussi indiquer une période d’interruption des études marquée par une incursion sur le marché de l’emploi, par exemple.

 

4. La question de l’accessibilité : les disparités selon le programme d’études au secondaire

Des données québécoises montrent que des iniquités persistent à travers le système d’éducation quant à l’accès au collégial. Plus précisément, les jeunes ayant été scolarisés dans les programmes réguliers ou d’adaptation des établissements publics sont largement moins nombreux à entreprendre des études collégiales après leur scolarité secondaire comparativement aux élèves ayant suivi un programme enrichi ou d’éducation internationale au secondaire dans des établissements publics ou privés (les différences étant plus marquées avec les écoles privées) 

Proportion d’élèves ayant fréquenté le cégep pendant au moins une session après leur scolarité secondaire en fonction du type de programme et du secteur au secondaire[7]
(Ensemble du Québec – cohorte de 2002-2003, 10 ans après l’entrée au secondaire) 
Secteur d’études au secondaire 
Programmes au secondaire  Écoles publiques  Écoles privées 
Programmes réguliers  37,3 %  76,9 % 
Programmes enrichis* 68,2 %  91,5 % 
Programmes d’éducation internationale  89,2 %  94,2 % 

*Il est ici question de projets pédagogiques particuliers, que ce soit une concentration, une option ou un volet en sciences, en sport, en arts, etc.

5. Les effets de la pandémie

Plusieurs finissantes et finissants du secondaire en 2020 et 2021 ont nommé avoir des appréhensions importantes face à leur aptitude à réussir au collégial en raison des acquis et prérequis qu’ils ont manqués à cause des perturbations créées par la pandémie. Des enseignantes et enseignants du collégial ont effectivement remarqué des écarts au sein de ces cohortes, qui leur paraissent moins bien préparées que les précédentes.  

En savoir plus sur comment vont les jeunes du cégep en période de pandémie. 

 

6. Les stades de la transition et quand préparer le jeune à cette dernière

Les stades de la transition
Pour expliquer ce processus, le modèle des cycles de transitions de Mikaël De Clercq (2019) s’applique à décortiquer la transition scolaire selon un processus cyclique comprenant quatre stades : la préparation, la rencontre, l’adaptation et la stabilisation.  

Modèle Intégratif de transition au Contexte Académique (MICA) ; adapté du modèle des cycles de transitions de Nicholson (1990) 

Cliquez sur l’image pour l’afficher en pleine grandeur


[Présentation détaillée du modèle de Clercq]  

De façon plus précise, différentes étapes et grands moments sont au cœur du passage vers le cégep, tout au long de la dernière année du secondaire. Pour en savoir davantage, consultez ce tableau inspiré de la ligne du temps du Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CRÉPAS).   

Quand préparer la transition ?
La transition vers le cégep se vit plus intensément à partir du premier jour de la cinquième secondaire jusqu’à la fin de la première session collégiale, se déroulant ainsi sur une période d’environ 16 mois.  

Néanmoins, la transition doit être prise en considération bien avant cette période puisque des acquis préalables sont nécessaires dans certaines matières afin d’être admissible au cégep. Il faut ici souligner que, pour les élèves qui vivent des défis en termes de persévérance scolaire, il peut être plus difficile de saisir l’importance de certains acquis ou de certains choix en vue de la poursuite au collégial avant d’arriver en quatrième ou cinquième secondaire. 

Un aperçu de ce qui sera différent au collégial
Pour connaitre les principales différences entre le secondaire et le collégial, consultez ce tableau du ministère de l’Éducation.   

 

7. Portrait de la transition effectué auprès d’un échantillon de jeunes plus à risque

Dans le cadre du projet Parcours, dirigé par la chercheuse Véronique Dupéré, la doctorante Éliane Thouin s’est intéressée aux parcours de jeunes québécois en situation de vulnérabilité socioéconomique ou scolaire, afin de documenter leurs expériences entre la fin de la scolarité secondaire et l’entrée à l’âge adulte. Le projet a permis d’établir que : 

  • Ces jeunes étaient près de deux fois moins nombreux à se diriger vers les études collégiales au début de l’âge adulte, comparativement à leurs pairs du même âge. Plus précisément, seulement 35 % des jeunes du projet Parcours avaient amorcé une session au cégep avant l’âge de 20 ans, comparativement à environ 65 % chez la population du même âge. 
  • Parmi ceux inscrits au cégep, le tiers avaient abandonné leurs études avant l’obtention du diplôme convoité.  
  •  Les jeunes ayant persévéré (et ceux ayant terminé leur formation collégiale) se démarquaient par deux principales caractéristiques :
    • Ils avaient dès le secondaire des aspirations élevées à poursuivre des études collégiales ou universitaires  
    • Ils provenaient en plus grand nombre de familles avec des parents ayant atteint un haut niveau d’éducation, comme une qualification collégiale ou universitaire 

Parmi les jeunes raccrocheurs, l’accès au collégial était surtout facilité lorsqu’une personne-ressource dans l’entourage des jeunes (ex. : conseiller en orientation, employeur) les guidait vers des services adaptés à leur situation ou leur permettait d’avoir un soutien financier et scolaire à travers leur projet de retour aux études. 

Pour davantage d’information sur les constats issus du projet, incluant ceux sur le parcours des jeunes non inscrits au collégial, consultez l’article Portrait de la transition auprès d’un échantillon de jeunes plus à risque.  

 

8. Quelques données sur la transition au collégial

Un premier tableau de bord pour suivre la situation à Montréal quant aux trajectoires des jeunes de 5e secondaire 

Réalisé en collaboration avec ÉCOBES — Recherche et transfert, ce tableau de bord rassemble des indicateurs de la transition secondaire-collégial et permet d’analyser l’évolution de la situation à Montréal.

Faits saillants

La plupart des finissantes et finissants admissibles (en voie de réussir les matières obligatoires pour l’obtention d’un DES), sont admis au cégep.

Les élèves qui fréquentent un programme régulier au secondaire atteignent moins le cégep. Leur taux d’admission est toutefois relativement élevé.

Près d’un jeune sur deux (46 %) ne fréquentant pas le cégep a tout de même fait une demande d’admission au SRAM.

Les étudiantes et les étudiants qui s’inscrivent au cégep avec un délai, soit après la session d’automne suivant la fin du parcours secondaire, affichent une plus faible réussite des cours de première session et sont moins persévérants dans leurs études collégiales.

Certains sous-groupes atteignent plus difficilement les études collégiales (garçons, élèves avec plan d’intervention, retard scolaire, moyenne générale au secondaire faible (MGS), EHDAA et jeunes issus de milieux défavorisés). Et les élèves issus de ces groupes qui y parviennent sont confrontés à des enjeux de réussite.

Les travaux en cours pointent vers quatre parcours de non-poursuite des études au collégial :

  • Ceux qui ne font pas de demande au collégial
  • Ceux qui font une demande, mais ne sont pas admis
  • Ceux qui font une demande, sont admis, mais ne se présentent pas
  • Ceux qui font une demande, sont admis, mais abandonnent en cours de première session

La situation est particulière à Montréal et les mesures doivent être adaptées à ces particularités. Pensons notamment au grand nombre d’acteurs engagés dans la trajectoire de réussite des jeunes*, au nombre d’élèves qui arrivent en classes d’accueil au secondaire et à l’indice de défavorisation présent dans certaines zones.
* Plus de 95 écoles secondaires et 12 cégeps publics, auxquels s’ajoutent des centres de formation générale aux adultes et des écoles privées.

Consultez la présentation des principales données. 

L’expérience au cégep 

Le « Sondage provincial sur les étudiants des cégeps (SPEC)[8]», réalisé auprès d’étudiantes et d’étudiants admis au cégep à l’automne 2016, rapportait qu’une proportion importante d’entre eux avait éprouvé de la difficulté au courant de leur première année d’études collégiales à :  

  • Contrôler leur stress (48,5 %) 
  • Gérer leur emploi du temps (45,7 %) 
  • Confirmer leur choix de carrière (38,6 %) 
  • Se motiver face à leurs études (34,5 %) 

Cette enquête a aussi soulevé des distinctions importantes entre la situation des filles et des garçons admis. Notamment :  

Les filles Les garçons
  • Étaient plus nombreuses à avoir des soucis financiers 
  • Étaient plus nombreuses à avoir des difficultés sur les plans du contrôle du stress, de la gestion du temps et de la confirmation de leur choix de carrière
  • Étaient plus nombreuses à avoir un emploi rémunéré
  • Accordaient davantage d’importance à l’éducation et à la famille
  • Avaient plus souvent des enfants à charge
  • Étaient moins nombreux à réussir l’ensemble de leurs cours à la première session
  • Avaient davantage besoin de développer des méthodes de travail et d’apprendre à se préparer aux examens
  • Étaient moins nombreux à viser les études universitaires
  • Consacraient moins de temps aux études et aux responsabilités familiales ou domestiques

 

9. Pour faciliter la prochaine transition

Bien que de nombreux jeunes entreprennent une formation collégiale technique et qualifiante, plusieurs autres choisissent une formation préuniversitaire et vivront ainsi sous peu une nouvelle transition lors du passage à l’université.  À ce sujet, il importe de rappeler que le cégep est un modèle unique au monde, qui a été créé pour préparer aux études universitaires.  Afin de minimiser les expériences négatives qui pourraient engendrer des défis lors de la transition à l’université, Il est donc essentiel d’assurer que la transition au collégial est réussie. 

 

10. Pistes d’actions

Au secondaire | Entre le secondaire et le cégep | Au cégep | Exemples d’initiatives

« L’impact des facteurs issus du parcours scolaire passé serait trois fois plus grand que l’expérience d’intégration au collégial en termes de probabilités d’obtention du diplôme d’études collégiales à l’âge de 23 ans[9]

Simon Larose, chercheur et professeur titulaire au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval

     Au secondaire

  • Dès la 4e secondaire (voire avant), offrir aux élèves et aux parents des informations claires, complètes et de qualité sur les programmes offerts au Québec (ex. : démystifier les croyances erronées à propos du cégep, faire connaitre les prérequis aux programmes, etc.) 
  • À partir de la 5e secondaire, initier les élèves au « métier d’étudiant » (ex. : diversifier le type d’évaluation en classe [en ajoutant, par exemple, des travaux personnels], remettre des plans de cours au début de l’année, insérer des périodes libres dans l’horaire, développer la capacité à « apprendre à apprendre » [stratégies de prise de  notes actives, recherche documentaire, etc.], etc.) 
  • Organiser des visites des cégeps et de leurs services aux étudiants (ex. : activité étudiant d’un jour) 
  • Inviter des cégépiennes et cégépiens à parler de leurs expériences aux futurs étudiants 
  • Offrir des services d’orientation scolaire à tous les élèves, et accompagner ceux-ci dans leur processus de demande d’admission (ex. : quoi faire en cas de refus ?) 
  • Sensibiliser les jeunes aux enjeux de santé mentale (surtout l’anxiété), ainsi qu’aux services et ressources dont ils peuvent se prévaloir dans leurs environnements proximaux (au secondaire, au cégep et dans la communauté) 

Particulièrement pour les élèves à risque de vivre une transition plus difficile : 

  • Organiser des rencontres disciplinaires (notamment en mathématique et en langue) entre le personnel enseignant de 4e et 5e secondaire et celui du collégial afin d’harmoniser les contenus et méthodes d’enseignement. 
  • Développer les aptitudes qui aident les jeunes à persévérer malgré les épreuves rencontrées (ex. : confiance en soi, sentiment d’auto-efficacité, stratégies de gestion du stress, etc.)  
  • Élaborer un plan de transition permettant la familiarisation avec l’établissement postsecondaire et le repérage des centres d’aides et des services consacrés à leur réussite et à leur bien-être (ex. : visiter les salles de classe et les locaux étudiants, s’assurer que les jeunes savent comment obtenir les mesures d’accommodement auxquelles ils ont droit, etc.)  
  • Permettre aux professionnelles et professionnels du collégial d’accéder plus facilement aux données de cheminement et de santé des élèves (par exemple, les plans d’intervention du secondaire), dans une perspective de continuité harmonieuse des services et du soutien. 

      Entre le secondaire et le cégep   

Susciter la participation à des camps pédagogiques ou préparatoires qui intègrent le soutien par les pairs, le mentorat et l’apprentissage actif. Des études montrent que ces camps peuvent favoriser une transition harmonieuse, entre autres en augmentant les connaissances liées au cégep, en développant la résilience et les compétences de vie, etc.

Découvrez la stratégie mise en oeuvre au cégep de Valleyfield 

     Au cégep 

  • À l’accueil des nouvelles étudiantes et nouveaux étudiants, leur exprimer des messages bienveillants soulignant que le personnel du collégial croit à leur potentiel de réussite  
  • Diffuser l’information relative aux services disponibles au cégep 
  • Favoriser le sentiment d’appartenance au cégep, notamment en suscitant la participation à la vie étudiante  
  • Dépister les jeunes à risque d’éprouver des difficultés scolaires ou psychologiques afin d’intervenir auprès d’eux 
  • Déployer des programmes et des stratégies de prévention universelle de la détresse psychologique ou des difficultés scolaires auprès de l’ensemble de la population étudiante 
  • Offrir des ateliers de langue française ou anglaise (selon la langue d’enseignement) à ceux qui présentent des lacunes importantes (ex. : Organisation de cours de mise à niveau en français pour des élèves allophones: pistes de réflexion) 

Exemples d’initiatives : 

À ces exemples s’ajoute la création de ressources consacrées à la transition postsecondaire au sein d’organismes communautaires (ex. : Horizon Carrière et Passeport pour ma réussite). 

 

Pour aller plus loin

Outils | Modèles | Documentation 

Outils

Guide d’implantation – Bonnes pratiques en contexte communautaire pour mieux accompagner les jeunes lors de leur transition faisant suite au secondaire (RRM)

TransitionsScolaires.ca (Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean [CRÉPAS]) 

Mécanismes pour favoriser la transition du secondaire vers le collégial  (ministère de l’Éducation) 

La transition postsecondaire (Collège La Cité – site pour accompagner les jeunes) 

Trousse pour implanter un système de pairs aidants au sein des établissements postsecondaires (Centre d’innovation en santé mentale sur les campus [CISMC]) 

Sites et outils recommandés par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (ORES)

Trois modèles qui aident à comprendre la transition secondaire-collégial 

Le modèle de l’intégration des étudiants : ce modèle de Vincent Tinto (1975/1993) prend en compte les buts et les intentions de l’individu avant son admission dans un programme postsecondaire, de même que l’incidence sur ces deux dimensions de ses expériences institutionnelles vécues sur les plans scolaire et social, ce qui déterminera sa décision de décrocher ou de persévérer jusqu’à la diplomation. [En savoir plus]  

Le modèle des cycles de transitions : tel que mentionné plus haut, le modèle de Mikaël De Clercq (2019) s’applique à décortiquer la transition scolaire selon un processus cyclique comprenant quatre stades : la préparation, la rencontre, l’adaptation et la stabilisation. [En savoir plus] 

Le modèle des angles de la transition secondaire-collégial : ce modèle tiré de l’avis Regards renouvelés sur la transition entre le secondaire et le collégial du Conseil supérieur de l’éducation (2010), met l’accent sur les changements qui surviennent lors de la transition et qui influent sur l’intégration des jeunes. [En savoir plus]  

Il ressort de l’analyse de ces trois modèles théoriques que les dimensions institutionnelle, pédagogique, sociale et psychologique offrent des socles structurants permettant de comprendre le phénomène de la transition vers le collégial. Ces dimensions peuvent servir notamment à concevoir des pratiques ou des services visant à aider et à accompagner les jeunes qui vivent une transition scolaire. 

Documentation 

Transitions interordres et intercycles en enseignement supérieur (Dossier de l’ORES) 

Regard renouvelé sur la transition entre le secondaire et le collégial (Conseil supérieur de l’éducation) 

La réussite au cégep : regards rétrospectifs et prospectifs (Fédération des cégeps) 

Développement personnel et scolaire ou qualité de l’intégration au milieu : lequel a le plus d’impact sur la diplomation au collégial ? (Simon Larose) 

Derrière ton écran : une enquête de la FECQ sur les impacts de la COVID-19 sur la condition étudiante au collégial (Fédération étudiante collégiale du Québec) 

Une catastrophe « au ralenti » : la pandémie de COVID-19 et l’enseignement supérieur au Québec et ailleurs (Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse [CRJ]) 

Transition des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (ministère de l’Éducation) 

L’accès à l’enseignement postsecondaire : l’effet de la segmentation scolaire au Québec (Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse [CRJ])

La maitrise du français au collégial : le temps d’agir (Rapport déposé au ministère de l’Enseignement supérieur) 

Capsules pratiques sur les transitions scolaires (IRC-CN et CTREQ) 
(Série de trois capsules : Les transitions scolaires, de quoi parle-t-on ?Les impacts des transitions scolaires sur la persévérance et la réussite éducative, et Les initiatives pratiques pour favoriser des transitions positives)


Remerciements

Merci à nos spécialistes pour leur contribution à la révision du présent dossier : 

Véronique Dupéré, Ph. D.
Professeure titulaire, École de psychoéducation, Université de Montréal (UdeM)
Chaire de recherche du Canada sur la transition à l’âge adulte
Chaire Myriagone McConnell-UdeM en mobilisation des connaissances jeunesse
Centre de recherche en santé publique et Institut universitaire Jeunes en difficulté du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Groupe de recherche sur les environnements scolaires
Équipe de recherche Développement du plein potentiel en contextes éducatifs 

Simon Larose
Chercheur et professeur titulaire au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage
Directeur de l’axe Éducation de l’Observatoire Pour l’Éducation et la Santé des enfants (OPES)
Groupe de recherche
sur l’inadaptation psychosociale de l’enfant
Université Laval 


Personne-ressource

Madeleine Beaudet, agente de liaison et de développement
(514) 286-2346, poste 213

Sources

ARNETT, Jeffrey (2006). Emerging Adulthood: Understanding the New Way of Coming of Age. In J. J. Arnett & J. L. Tanner (Eds.), Emerging adults in America: Coming of age in the 21st century (pp. 3–19). American Psychological Association.
[En ligne ici]
 

Capitales Studio, Métiers les plus demandés : cinq raisons d’opter pour une formation professionnelle ou une formation technique, Le Soleil, 26 février 2019 

CAPRES, Amélioration et valorisation du français en enseignement supérieur, 2021.
[En ligne ici] 

CAPRES, Développement personnel et scolaire ou qualité de l’intégration au milieu : lequel a le plus d’impact sur la diplomation au collégial ?, 2020
[En ligne ici]
 

CAPRES, Étudiants des Premiers Peuples en enseignement supérieur, 2022
[En ligne ici] 

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Notes

  1. Carole Lavoie, La réussite au cégep : regards rétrospectifs et prospectifs, Fédération des cégeps, 2021 et ministère de l’Enseignement supérieur, Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur, 2021-2026, 2021
  2. Ministère de l’Enseignement supérieur, Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur, 2021-2026, 2021
  3. Larose, S., Duchesne, S., Litalien, D., Denault, A.-S., Boivin, M. Adjustment Trajectories During the College Transition: Types, Personal and Family Antecedents, and Academic Outcomes, July 11 2017, traduit par Thérèse Lafleur dans : Le choc de la transition secondaire-collégial, une idée à revisiter, portail du réseau collégial du Québec, 201
  4. Certains résultats trouvés dans la littérature semblent néanmoins indiquer que les mesures d’accommodement peuvent contribuer à la persévérance, surtout pour les filles, mais des preuves restent à établir pour affirmer ce constat.  
  5. Carole Lavoie, La réussite au cégep : regards rétrospectifs et prospectifs, Fédération des cégeps, 2021 [https://fedecegeps.ca/wp-content/uploads/2021/10/rapport-la-reussite-au-cegep.pdf]
  6. Larose, S., Duchesne, S., Boivin, M., Vitaro, F., & Tremblay, R. (2015). College completion: A longitudinal examination of the role of developmental and specific college experiences. International Journal of School and Educational Psychology, 3, 143-156. Doi10.1080/21683603.2015.1044631
  7. Benoît Laplante, Pierre Doray, Émilie Tremblay, Pierre Canisius Kamanzi, Annie Pilote, Olivier Lafontaine, L’accès à l’enseignement postsecondaire : l’effet de la segmentation scolaire au Québec, Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, 2020 
  8. Gaudreault, M. M. et S.-K. Normandeau avec la collaboration de Jean-Venturoli, H. et J. St-Amour. 2018. Caractéristiques de la population étudiante collégiale : valeurs, besoins, intérêts, occupations, aspirations, choix de carrière. Données provenant du Sondage provincial sur les étudiants des cégeps (SPEC) administré aux étudiants nouvellement admis aux études collégiales à l’automne 2016. Jonquière, ÉCOBES – Recherche et transfert, Cégep de Jonquière 
  9. Simon Larose, Stéphane Duchesne, Michel Boivin, Frank Vitaro et Richard E. Tremblay, « College Completion: A Longitudinal Examination of the Role of
    Developmental and Specific College Experiences », International Journal of School & Educational Psychology, Volume 3, 2015 – Issue 3, July 2015, repéré dans CAPRES, Développement personnel et scolaire ou qualité de l’intégration au milieu : lequel a le plus d’impact sur la diplomation au collégial ?, 2015