Du 20 au 26 novembre a lieu, pour une 8e édition, la Grande semaine des tout-petits, qui rassemble des acteurs de tous les milieux afin de donner une voix plus grande à nos plus jeunes, de la grossesse à la maternelle. Cette année, en lien avec la thématique touchant au respect de leurs droits, Réseau réussite Montréal juge nécessaire de mettre la lumière sur ceux des tout-petits migrants, plus particulièrement les demandeurs d’asile, dont le nombre est en hausse fulgurante au Québec. On parle du double de la moyenne prépandémique. Ces enfants vulnérables vivent beaucoup de détresse et font face à des défis uniques qui freinent leur réussite éducative.
En 2022, les deux-tiers des demandeurs d’asile au Canada se sont retrouvés au Québec (près de 60 000 personnes). De ce nombre, la majorité s’est installée à Montréal. Ces familles ont fui la guerre, la pauvreté, la violence. Plusieurs ont marché pendant des mois à travers tous les climats et conditions possibles. Qu’elles soient arrivées par le Chemin Roxham ou à l’aéroport de Montréal, leur état se ressemble : chocs traumatiques complexes, aucun moyens, santé physique parfois précaire et absence de connaissance du français, entre autres.
Puis, les parents doivent jongler avec de nombreuses priorités telles l’obtention d’un permis de résidence, de travail, la recherche de logement, les cours de francisation et la compréhension d’une nouvelle culture. Veiller au bien-être de leurs jeunes enfants peut alors s’avérer complexe. C’est pourquoi il est urgent d’investir plus d’efforts dans le soutien aux familles, ces mesures se répercutant positivement sur les enfants, qui vivent eux aussi la détresse de leurs parents.
Depuis quelque temps, les organismes qui accueillent cette jeune clientèle sont si submergés qu’ils ne savent pas toujours comment conjuguer avec cette nouvelle réalité qui ne s’essouffle pas. Les enjeux sont nombreux en termes de santé, d’éducation et de sécurité. Sans parler de ce que la situation exige des intervenants eux-mêmes. Ils manquent de ressources et de soutien, alors que les besoins des plus jeunes dépassent largement le cadre des ressources spécialisées en immigration.
Un tout-petit qui va bien, c’est un enfant, un adolescent et un adulte qui multiplie ses chances de développer son plein potentiel, pour son mieux-être personnel comme pour celui de toute la société. Heureusement, collectivement, nous pouvons agir en soutenant leur résilience et celle de leur famille. Pour cela, il nous faut affiner notre connaissance des enjeux pour intensifier nos actions.
Puisque Montréal constitue le principal foyer d’accueil des nouveaux arrivants, soutenir le développement des jeunes enfants fragilisés nécessite une réponse régionale adaptée, à laquelle doit contribuer tout un écosystème de partenaires engagés et unis par une vision commune. À Réseau réussite Montréal – nous collaborons avec plus de 40 partenaires régionaux et des centaines d’acteurs locaux de tous les milieux qui désirent contribuer à la persévérance et à la réussite éducative – nous avons mis en place un mécanisme de concertation traitant des enjeux des tout-petits et de leur famille. Nous sommes persuadés, et les données nous le confirment, qu’agir tôt est le meilleur véhicule d’équité et de réussite. C’est avec nos partenaires que nous obtiendrons des données nous permettant de prioriser pour mieux avancer.
Nous souhaitons une implication accrue des ministères québécois de la Famille et de l’Immigration dans les dossiers de petite enfance et une meilleure prise en compte par celui de l’Éducation des spécificités liées au contexte montréalais. Des besoins complexes appellent des solutions concertées. Cette mobilisation ne pourra se limiter aux tout-petits. Elle devra soutenir les fratries et les parents, parce que nos plus jeunes sont les travailleurs, penseurs et parents de demain et ce, peu importe leur trajectoire.
Andrée Mayer-Périard
Directrice générale
Réseau réussite Montréal